
Il y a un moment sur lequel je voudrais revenir. Et, c’est un étrange sentiment qui m’a donné envie d’y revenir…
Je sens cette boule dans ma gorge. Cette pression sur mon cœur, ce tremblement de tout mon être et cette nausée qui m’est devenue si familière… On m’a tout juste dit qu’on avait vu mon ex-mari au restaurant. Et cette vague d’angoisse m’envahit. La première question, c’était… « En charmante compagnie bien sûr ?! ». Le « Non, avec des hommes » ne m’a ni fait plaisir, ni rassurée… C’est l’idée d’entendre encore parler de lui, au risque de le croiser, de croiser son regard qui me répugne au plus haut point. Je suis dans une ambivalence totale, si je le croise, avec une autre : serais-je dégoûtée à l’idée de le voir ou plutôt de la voir ?
Par les deux, il me semble… Le voir me torturerait… et c’est par cette déduction que je voudrais revenir sur ce moment dont je parle plus haut.
Il s’est produit un incident les derniers jours de vie commune. C’était le mois de Ramadhan, et nous avions reçu tous nos amis à dîner. Bien que psychologiquement éprouvant puisque tellement faux… ce dîner a réussi à leurrer tout notre entourage et même mon mari lui-même… Qui s’attendait à ce qui allait arriver le lendemain ?
On aurait plus parié sur « Lolita est enceinte » que sur « Lolita est partie ».
On a passé une nuit, l’un dans les bras de l’autre, malgré les problèmes …ça n’avait rien de sexuel… ça on n’en avait pas envie….
Le matin je suis au bureau et je sens un faux bonheur… une trêve, un cessez le feu… On s’envoyait des sms…et on prévoyait une soirée sexy en rentrant à la maison.
Quand dans ce nuage de sms, il m’appelle et me dit « Ma mère est fâchée contre toi… appelle là et fais lui des excuses… tout de suite… et je veux que tu sois convaincue de t’être trompée en lui manquant de respect. » Manquer de respect : Elle a refusé que je fasse part égale entre elle et mes parents, pendant le mois saint. Elle voulait que je ne voie pas mes parents et que je sois exclusivement chez elle. Et a exigé de son fils qu’il en soit ainsi. Et j’ai refusé de capituler…
J’appelle la vertueuse et pas du tout autoritaire Belle Mère, qui ne me répond pas téléphone, prête à faire des excuses pour un manque de respect involontaire. Pourtant, elle ne me répond pas… ni une, ni deux, et ni trois…
Son fils chéri et téléguidé me dit, elle refuse de te parler, et elle ne veut plus te voir… Nous n’irons plus chez elle, nous vivrons notre petite vie.
Je me disais : « Toi chéri ? Vivre sans Maman et sans l’argent de Maman ? Te contenter de moi ? Finir par me voir telle que je suis ? Accepter l’idée que je ne te veux aucun mal ?... »
Il me dit qu’il n’y a pas de quoi s’énerver que c’est tant mieux… et qu’il était hors de question qu’on se dispute et qu’il ne fallait pas que je sois perturbée.
Je ne croyais pas un mot de ce qu’il disait… je le connais, c’est un drame qui arrive. J’attendais sagement les représailles.
Je rentre, et j’attends que la sentence tombe…
Il est là, on essaye de discuter de tout, de rien … mais y a une gêne… une gêne palpable, comme si j’attendais que mon bourreau lâche la corde, pour que la guillotine tombe et me sectionne la tête.
Et ça n’a pas tardé…
Cette scène s’est transformée en massacre… sanglant, violent, pâtissier et culinaire…
Il s’est mis à hurler, à écraser le gâteau et en à mis partout. Du gâteau sur les murs, sur ces mains, sur mes vêtements. Il crie me pousse, et me blesse… les horreurs qui blessent mon âme, sont aiguisées, tout ce que j’aime y passe… de ma dignité à ma famille, de mes principes à ma gueule… tout, tout, tout… Il n’a rien laissé…
Je finis en pleine hystérie, en larme, l’orteil ensanglanté pour avoir mis un coup de pied dans le récipient en terre cuite, remplie de calamars en sauce… c’est dans ma vie que j’aurais voulu mettre un coup de pied… Mes doigts tordus… par ces doigts, pour me prendre mes clefs, m’empêcher de sortir de la maison, me regarder avec son regard de diable et me dire « Pleure,… tu peux pleurer à en mourir… Mais tu n’irais nulle part… ».
Je hurle « C’est ça un Homme, c’est ce qu’on appelle un homme, c’est ça un mari ???!!! »
Violence morale et physique… mais la violence morale fait de loin beaucoup plus mal… beaucoup plus mal…
Quand je le verrais avec la nouvelle… c’est de le voir qui me fera le plus mal… je me rappellerais de ce moment, où il aurait pu me tuer, ou j’aurais pu le faire moi-même… où je suis entrée, en larmes dans cette salle de bain, tourné le verrou, ouvert le tiroir à pharmacie regardé toutes ces rangées de pilules… pensé que je n’avais même pas à fermer le verrou parce qu’il viendrait pas me chercher… pensé à ma petite sœur, que je veux voir grandir… et pour elle, j’ai surtout pensé que j’avais un moyen alternatif d’arrêter de souffrir et de ne plus vivre avec lui, de ne plus avoir peur de sa violence, due à sa médiocrité… Il fallait que ça s’arrête… pas ma vie…Juste ma vie avec lui…Qu’il n’en valait pas la peine… qu’il ne valait rien… que je valais mieux que ça...
Belle Maman, tu as gagné… Ton Prince/Monstre est de retour…