mercredi 11 juin 2008

*La touche AV*


Nahida pense avoir raté sa chance, … elle pense avoir raté l’homme de sa vie. Elle se dit que c’était bien lui, il est passé, resté, il l’a battue à plate couture, il s’est battu et il a finit par partir.

Elle se dit qu’elle l’a laissé partir sans le retenir. Qu’elle aurait peut être du écouter son cœur et surtout pas sa mère ou je ne sais qui d’autre qui l’a encouragée à envoyer son futur balader très loin devant, ou plutôt derrière, dans le passé.
Elle n’arrive pas du tout à se dépêtrer de son passé et n’imagine pas son futur… elle ressasse, ressasse, ressasse… sans arrêt…

Elle se dit « je veux mourir dans ma robe de mariée ». C’est sa dernière trouvaille… se faire enterrer dans sa robe de mariée.
Porter une robe de mariée c’est le plus beau jour de la vie d’une personne ! C’est le début d’une nouvelle vie Nahida, qui comme tu l’imagines… est pleine de bonheur.

Tout viendra à temps ma belle… attends…suffisamment longtemps… pour pouvoir te dire… je n’ai pas attendu pour rien…j’ai attendu celui qui a mis tant de temps à apparaître mais qui au premier regard m’a fait oublier toutes ces nuits, heures, minutes, secondes,… de souffrance !

Et, Dieu est si bon…. Aies foi en lui.

Quant à moi, j’ai foi en Dieu. Heureusement, c’est bien ce qui me maintiens en vie. Je suis fatiguée, en regardant autour de moi. Où suis-je ?

Je suis chez moi, dans le « nid »… celui que tu attends tant d’acquérir…

Assise sur mon canapé, … celui qui a finit par devenir mien… pourtant, je l’aime… pas parce qu’il est « made in ***** », pas parce qu’il est beau, pas parce que ce tissus à pois est sublime…

non, rien de tout ça… toi qui me connais si bien… J’aime ce canapé parce qu’il peut contribuer à mon bonheur. Bien que je ne l’ai pas choisi et qu’il ne m’a pas choisie non plus… mais je veux la lui donner cette chance. Parce qu’il pourra m’accorder des moments heureux, assise entre ces bras.

Et cette lampe en forme d’étoile… trop design pour moi (mais qu’est ce que j’y comprends, moi, au design)… je l’aime parce qu’elle éclaire mes dîners, et mes idées.
Aujourd’hui, elle est la seule à m’éclairer, me tenir chaud, me donner un joli teint feutré. Parce que je me dis, qu’elle a fait ce long voyage, qu’elle tient malgré elle sur un seul pied, parce qu’elle se sent seule comme moi.

Parce qu’elle s’avère utile, tout comme moi, uniquement au moment du dîner, et ça bien sûr, si moi, je veux bien d’elle. Le reste de la journée, éteinte et froide, elle rempli ce salon qui résonne tellement la vie lui manque.

Quel ramassis de poussière, cet endroit… dont moi d’ailleurs. Je ne suis qu’une « tefcha » parmi tant d’autres.

Quel silence dans cet appartement, quel brouhaha dans ma tête. J’entends des « tu as perdu ! », « vantarde ! », « imposteur ! Tu as arnaqué ta propre personne », « te voilà bien malheureuse ! », « Parles, qu’as-tu accompli ? », « Regardes où tu en es ? … tu es seule, n’est ce pas ? et perdante… bien évidemment ! ».

J’entends du bruit dans la cuisine, le connaissant, ce « tant attendu », il doit être en train de se concocter son petit dîner…pour bien me narguer. Pour me faire sentir, comme il a si bien l’habitude de le faire…que je suis une moins que rien.

Je suis devenue une moins que rien…. Beaucoup moins que les 4 lettres du mot RIEN.

Je me suis jamais sentie aussi faible…. Je suis une faible ! …oui, une faible/// un RIEN.

Mon Dieu, si un jour quelqu’un m’avait dit que c’est ainsi que je parlerais de MOI.

Mon Dieu, quel monstre je suis devenue !

Je le sais que je suis monstrueuse et repoussante. Il vient de me le dire.

Je ne suis ni attirante, ni provocante, ni désirable.

Mon Dieu, un autre homme paniquerait… celui que moi j’attendais…
« Je dois voler au secours de ma femme… elle, petite chose fragile… elle doit se voir grande dans mes yeux, c’est mon regard sur elle qui doit la fortifier… elle est maladroite… certes, mais c’est ma femme. Je ne peux pas la laisser aller mal. Ce n’est pas le but, c’est de l’amour que je dois lui donner et non du mépris. Quel crime irréparable a-t-elle pu commettre ? »

C’est le contraire qui m’arrive Nahida… Je suis une criminelle, moins que rien, qui n’attire pas…

Quelle est ton image de toi aujourd’hui ?

Celle d’une fille seule ?

Veux-tu connaître le semblant d’image que j’ai de moi-même ?

Je me suis rabaissée au statut de merde…

Je suis comme la télé… un écran noir, qui fonctionne avec une télécommande. Il suffit aujourd’hui d’appuyer sur des touches pour me voir me comporter dans la vie.

Touche 1 : Fais moi une pipe !

Touche 2 : Montre-moi que tu m’aimes !

Touche3 : Coupe les tomates en petits dés !

Touche 4 : Dis au gardien de laver la voiture !

Touche 5 : Nous irons dîner samedi !

Touche 6 : Actives toi pour que nous fassions l’amour !

Touche 7 : Sois là quand je rentre !

Touche 8 : Je veux mon petit dèj au lit !

Touche 9 : Réponds, tu étais où? ?

(…)

Touche AV : Change de tête !

Touche on/off : Va dormir, et ne bouges pas faut que je dorme !

Elle n’a rien du rêve que tu te dessines dans ta tête…. Alors restes où tu es… et profites bien de ton temps, où tu es bien la seule à te juger au quotidien !

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